samedi 26 décembre 2015

Le jeûne, une nouvelle thérapie ?

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Et s'il existait une alternative au "tout médicament" ? En Russie, en Allemagne et aux États-Unis, médecins et chercheurs étudient les effets étonnants du jeûne sur les patients. Une enquête aussi rigoureuse que troublante. Le jeûne, est-il une alternative aux médicaments chimiques ?

Dans les pays occidentaux, les cas de diabète, d’hypertension, d’obésité, de cancers se multiplient et la consommation de médicaments explose. Et s'il existait une autre voie thérapeutique ? Depuis un demi-siècle, en Russie, en Allemagne et aux États-Unis, des médecins et des biologistes explorent une autre piste : le jeûne. 



Documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade (France 2011, 55 min).


 
Pendant une semaine, ne plus consommer que du thé, de l’eau, des jus et du bouillon de légumes… pour découvrir des forces insoupçonnées, des accès de joie enivrants et perdre quelques kilos : voilà les arguments des inconditionnels du jeûne. Mais on aurait tort de réduire cette pratique aux seules promesses d’extases et de perte de poids. Car le jeûne met aussi la santé en péril.Nutritionnistes et médecins tirent la sonnette d’alarme.

Le jeûne à la mode


«Il faut être mesuré en tout, respirer de l'air pur, faire tous les jours (…) de l'exercice physique et soigner ses petits maux par le jeûne plutôt qu'en recourant aux médicaments», aurait affirmé Hippocrate (460-375 av. J.-C.). Considéré comme l’un des pères de la médecine occidentale, il envisageait le jeûne comme une thérapie. Et près de 2 500 ans plus tard, l’idée fait des adeptes : chaque année, les magazines féminins proposent un « nettoyage de printemps pour le corps ». Les cliniques de jeûne thérapeutique ne désemplissent pas, et les librairies arborent des rayonnages de plusieurs mètres débordant de guides et autres manuels.
 


Il y a jeûne et jeûne !


Autrefois, le jeûne était surtout une forme d’ascèse étroitement liée aux convictions religieuses. Il aidait par exemple :

-    à purifier le corps,
-    à retrouver de la volonté,
-    à faire pénitence,
-    à atteindre un moment d’extase, de contact direct avec Dieu.

Aujourd’hui, le jeûne est réduit à une simple diète pour soigner le corps et « booster» sa santé. Il se décline en plusieurs variantes : version radicale, le jeûne complet revient à se passer de nourriture et à ne plus boire que de l’eau et du thé. Le jeûne thérapeutique Buchinger, autre option un peu moins extrême et assez populaire, ajoute à la carte bouillon de légumes et jus de fruits.


Ne rien manger : un remède contre certaines maladies ?


Le jeûne provoque une modification dans le métabolisme : le corps brûle ses réserves de graisses et le sang contient moins de cholestérol et de sucres. Certaines études ont montré que la douleur provoquée par les rhumatismes ou la névrodermite s’atténue lors d’une période de privation. De même, les douleurs articulaires diminuent en cas d’arthrose. Un premier indice encourageant ? Si les études sur le jeûne foisonnent, elles manquent généralement de fondement scientifique quand il s’agit d’aborder les conséquences de cette pratique sur la santé. Mais que préconisent au juste les recommandations médicales ?

Dictées par un ensemble de spécialistes du domaine médical, les recommandations guident les médecins dans leurs décisions pour qu’ils puissent traiter leurs patients correctement et en toute sécurité. Elles s’inspirent de résultats d’études scientifiques actuelles ainsi que de procédures qui ont fait leurs preuves en pratique. Les recommandations médicales sont actualisées régulièrement.

Or, aucune d’entre elles ne suggère de renoncer à la nourriture pour soigner une maladie. Certes, la recommandation de 2011 sur le traitement du syndrome du côlon irritable mentionne une diminution, d’après certaines données, des symptômes dépressifs et d’angoisse grâce au jeûne thérapeutique. Mais ici encore, les études scientifiques réellement solides manquent à l’appel. « Voilà pourquoi le jeûne thérapeutique ne peut être entrepris que dans des cas précis, et uniquement dans des conditions très contrôlées » peut-on lire en conclusion.

Et le jeûne pour maigrir ?


Le jeûne a acquis une réputation de remède-miracle contre le surpoids. Mais la Deutsche Adipositas Gesellschaft (DAG) est loin d’en être convaincue. Son président Hans Hauner, titulaire de la chaire de médecine nutritionnelle à l’Université technique de Munich, déclare que « pour la DAG, le jeûne ne peut en aucun cas être envisagé comme une méthode pour perdre du poids. » Il peut provoquer des troubles cardiaques, des carences en vitamines et en minéraux et d’autres problèmes encore. « Il s’agit d’une pratique particulièrement risquée pour les personnes plus âgées. » En outre, rien ne garantit que les kilos en trop ne reviendront pas au galop. 

Le nutritionniste Nicolaï Worm met lui aussi en garde contre l’idée de jeûner pour maigrir : le corps passe en mode survie et son métabolisme de base ralentit mais, après le jeûne, il commence à reconstituer ses réserves : c’est l’effet yoyo. « En outre, le jeûne complet entraîne une fonte de la masse musculaire. Or l’objectif est de perdre de la graisse, pas des forces. »

Nicolaï Worm conseille le jeûne protéiné aux personnes en surpoids : « Celui qui suit ce régime se limite à la consommation de shakers de protéines, et ingère un maximum de 500 kcal par jour, ce qui garantit l’apport en acides gras et acides aminés nécessaires au bon fonctionnement du corps ». Le nutritionniste présente cette méthode comme une panacée, mais les spécialistes se montrent plus dubitatifs. Ce qui nous ramène à notre conclusion : difficile de conseiller avec certitude une méthode de jeûne ou de régime.

Renoncer à la télévision : une autre forme de jeûne


Vous souhaitez une privation moins radicale, mais bonne pour la santé ? Contentez-vous de bannir les sucreries, l’alcool ou encore les cigarettes pour une période déterminée. De nos jours, le jeûne ne se limite plus à l’assiette : beaucoup préfèrent profiter de l’occasion pour laisser leur voiture au garage ou renoncer à la télévision.  

Il y a quelques années, l’église protestante allemande lançait une action « Sept semaines sans… ». Entre le mercredi des Cendres et le dimanche de Pâques, tous sont invités à vivre le temps du carême de façon plus éveillée. En 2014 par exemple, il s’agissait de renoncer aux fausses certitudes et de « penser par soi-même ». Les années précédentes, ce sont les fausses excuses, la timidité et la réserve, l’envie et la jalousie qui été mises au ban. Et ce jeûne créatif a déjà fait des émules : chaque année, l’action enregistre près de deux millions de participants, jusqu’à trois millions en 2012.

Franziska Badenschier, 12 mai 2014 (traduit de l'allemand) 



Le jeûne ami des malades

 

Pour soigner des troubles mentaux et bon nombre de cancers, de plus en plus de spécialistes vantent les mérites de la diète.


 


C’est un chirurgien cancérologue. Et il le dit presque avec mesure : «J’ai eu une formation classique, puis à un moment, j’en avais assez d’opérer des femmes pour leur cancer du sein et de les mutiler. Je me suis dit : il faut prendre le ou la malade dans son ensemble.» Et c’est ainsi qu’il est devenu un des cancérologues français les plus partisans du jeûne… thérapeutique.

Un excité, le docteur Michel Lallement ? Nullement. «J’ai fait le constat, comme tant d’autres, que les cancers explosent. Que faire ? J’ai choisi de travailler sur le terrain de la personne, l’alimentation en particulier.» Et il n’est pas le seul. Depuis peu, se développe tout un courant pour vanter les mérites cliniques du jeûne, en particulier pour soigner de graves maladies mentales, mais aussi bon nombre de cancers. Il y aurait des dizaines d’essais en cours en Europe, aucun en France. Toute une école médicale est en train de se structurer ; un documentaire sur Arte a été récemment diffusé et, la semaine prochaine, la très sérieuse maison d’édition La Découverte publiera le Jeûne, une nouvelle thérapie ? du documentariste Thierry de Lestrade (1).

Qu’en penser ? Une nouvelle lubie ? Comme souvent lorsqu’il s’agit de médecines parallèles - le jeûne n’est pas considéré «comme une bonne pratique médicale» par l’Institut national du cancer -, il y a de tout, à boire et à manger. Le livre de Thierry de Lestrade est un bon reflet de ce fourre-tout. S’y amoncellent des témoignages sur un registre «quasi miraculeux», mais aussi une analyse historique intéressante, où l’on apprend comment le jeûne est devenu à la mode, notamment pour traiter les maladies mentales au début du siècle, pour disparaître ensuite, vaincu par les industries pharmaceutiques qui ont préféré vendre leurs molécules. Et ainsi de suite.

«Patrimoine».

Reste cette question : pourquoi diable les cellules cancéreuses mourraient-elles lorsque nous jeûnons ? Le docteur Valter Longo est un chercheur italien installé aux Etats-Unis. C’est lui qui a repris le cheval de bataille du jeûne, il y a une dizaine d’années. Et le théorise :«En période de jeûne, nos cellules saines se protègent, elles vont même de mieux en mieux. Elles ont gardé un patrimoine génétique permettant l’adaptation aux circonstances extrêmes, par exemple au manque de glucide pendant le jeûne. Alors que les cellules cancéreuses, elles, ont perdu ce patrimoine génétique et sont dépendantes du glucide. Sans glucide, les cellules cancéreuses régressent, voire disparaissent.»

D’où cette nouvelle stratégie : cumuler le jeûne et la chimiothérapie pour accélérer la mort de la tumeur. Il existe des exemples de réussite en pagaille, comme l’histoire de Jean-Claude, autoguéri d’un cancer de la vessie après un jeûne de vingt-huit jours : plus il jeûnait, mieux il se sentait. «J’aurais préféré mourir que de me faire enlever la vessie, dit-il. Tout le monde doit expérimenter le jeûne au moins une fois. Cela a été le révélateur de ma vie.» Des cas étrangers viennent appuyer cette thèse. Comme celui d’un médecin russe, Yuri Nikolaev, mort en 1998 à 92 ans : il aurait multiplié toute sa vie des expériences sur le jeûne. Dans sa clinique, en Sibérie, plus de 1 000 personnes viennent jeûner chaque année. «Pour ceux qui arrivent avec une prescription médicamenteuse, leur dose est peu à peu réduite pour être retirée dès que possible.» Les résultats sont très bons pour l’hypertension, l’asthme, mais aussi les grandes maladies mentales, comme la schizophrénie. «Les Soviétiques, puis les Russes, ont constitué quarante ans d’études cliniques, établi des protocoles, des listes d’indications et de contre-indications et ont soigné des dizaines de milliers de patients», écrit Thierry de Lestrade. Valentin Nicolaïev, médecin à Moscou, pointe néanmoins les difficultés actuelles : «Sommes-nous prêts à penser le monde autrement ? A penser notre système de santé autrement, à penser notre rapport au soin et au corps différemment ?»

Vérité.


Comme souvent dans ces pratiques médicales non validées, des accents de vérité émergent parfois dans le témoignage de certains patients. «Au moins, avec le jeûne, explique une malade, je reprends un peu possession de mon corps. Je n’ai plus l’impression d’être dépossédée de tout, comme dans la cancérologie habituelle.»En tout cas, en France, l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) préparerait pour début 2014 un essai sur l’effet du jeûne au cours de certaines chimiothérapies.
 


1 commentaire:

  1. Salamas ...

    Merci ...

    Je pratique quotidiennement le jeûn matinal ... ( aux levers ) ( aux réveils ) ...

    Et je consomme mes glucides uniquements en fins de journées ...

    Entre les deux je vies normalement ...

    M'alimentant comme tout le monde ...

    Et je vais mieux qu'avant ...

    Merci ...

    Je jeûn est effectivement révélatoires ...

    Salamas ...

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