Et s'il
existait une alternative au "tout médicament" ? En Russie, en
Allemagne et aux États-Unis, médecins et chercheurs étudient les effets
étonnants du jeûne sur les patients. Une enquête aussi rigoureuse que
troublante. Le jeûne, est-il une alternative aux médicaments chimiques ?
Dans les pays occidentaux, les cas de diabète, d’hypertension, d’obésité, de cancers se multiplient et la consommation de médicaments explose. Et s'il existait une autre voie thérapeutique ? Depuis un demi-siècle, en Russie, en Allemagne et aux États-Unis, des médecins et des biologistes explorent une autre piste : le jeûne.
Pendant une semaine, ne plus consommer que du thé, de l’eau, des jus et du bouillon de légumes… pour découvrir des forces insoupçonnées, des accès de joie enivrants et perdre quelques kilos : voilà les arguments des inconditionnels du jeûne. Mais on aurait tort de réduire cette pratique aux seules promesses d’extases et de perte de poids. Car le jeûne met aussi la santé en péril.Nutritionnistes et médecins tirent la sonnette d’alarme.
Dans les pays occidentaux, les cas de diabète, d’hypertension, d’obésité, de cancers se multiplient et la consommation de médicaments explose. Et s'il existait une autre voie thérapeutique ? Depuis un demi-siècle, en Russie, en Allemagne et aux États-Unis, des médecins et des biologistes explorent une autre piste : le jeûne.
Documentaire
de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade (France 2011, 55 min).
Pendant une semaine, ne plus consommer que du thé, de l’eau, des jus et du bouillon de légumes… pour découvrir des forces insoupçonnées, des accès de joie enivrants et perdre quelques kilos : voilà les arguments des inconditionnels du jeûne. Mais on aurait tort de réduire cette pratique aux seules promesses d’extases et de perte de poids. Car le jeûne met aussi la santé en péril.Nutritionnistes et médecins tirent la sonnette d’alarme.
Le jeûne à la mode
«Il
faut être mesuré en tout, respirer de l'air pur, faire tous les jours (…) de
l'exercice physique et soigner ses petits maux par le jeûne plutôt qu'en
recourant aux médicaments», aurait affirmé Hippocrate (460-375 av. J.-C.).
Considéré comme l’un des pères de la médecine occidentale, il envisageait le jeûne
comme une thérapie. Et près de 2 500 ans plus tard, l’idée fait des
adeptes : chaque année, les magazines féminins proposent un
« nettoyage de printemps pour le corps ». Les cliniques de jeûne
thérapeutique ne désemplissent pas, et les librairies arborent des rayonnages
de plusieurs mètres débordant de guides et autres manuels.
Il y a jeûne et jeûne !
Autrefois,
le jeûne était surtout une forme d’ascèse étroitement liée aux convictions
religieuses. Il aidait par exemple :
-
à purifier le corps,
- à retrouver de la volonté,
- à faire pénitence,
- à atteindre un moment d’extase, de contact direct avec Dieu.
- à retrouver de la volonté,
- à faire pénitence,
- à atteindre un moment d’extase, de contact direct avec Dieu.
Aujourd’hui,
le jeûne est réduit à une simple diète pour soigner le corps et « booster»
sa santé. Il se décline en plusieurs variantes : version radicale, le
jeûne complet revient à se passer de nourriture et à ne plus boire que de l’eau
et du thé. Le jeûne thérapeutique Buchinger, autre option un peu moins extrême
et assez populaire, ajoute à la carte bouillon de légumes et jus de fruits.
Ne rien manger : un remède contre certaines maladies ?
Le
jeûne provoque une modification dans le métabolisme : le corps brûle ses
réserves de graisses et le sang contient moins de cholestérol et de sucres.
Certaines études ont montré que la douleur provoquée par les rhumatismes ou la
névrodermite s’atténue lors d’une période de privation. De même, les douleurs
articulaires diminuent en cas d’arthrose. Un premier indice encourageant ?
Si les études sur le jeûne foisonnent, elles manquent généralement de fondement
scientifique quand il s’agit d’aborder les conséquences de cette pratique sur
la santé. Mais que préconisent au juste les recommandations médicales ?
Dictées
par un ensemble de spécialistes du domaine médical, les recommandations guident
les médecins dans leurs décisions pour qu’ils puissent traiter leurs patients
correctement et en toute sécurité. Elles s’inspirent de résultats d’études
scientifiques actuelles ainsi que de procédures qui ont fait leurs preuves en
pratique. Les recommandations médicales sont actualisées régulièrement.
Or,
aucune d’entre elles ne suggère de renoncer à la nourriture pour soigner une
maladie. Certes, la recommandation de 2011 sur le traitement du syndrome du
côlon irritable mentionne une diminution, d’après certaines données, des
symptômes dépressifs et d’angoisse grâce au jeûne thérapeutique. Mais ici
encore, les études scientifiques réellement solides manquent à l’appel.
« Voilà pourquoi le jeûne thérapeutique ne peut être entrepris que dans
des cas précis, et uniquement dans des conditions très contrôlées »
peut-on lire en conclusion.
Et le jeûne pour maigrir ?
Le
jeûne a acquis une réputation de remède-miracle contre le surpoids. Mais la
Deutsche Adipositas Gesellschaft (DAG) est loin d’en être convaincue. Son
président Hans Hauner, titulaire de la chaire de médecine nutritionnelle à
l’Université technique de Munich, déclare que « pour la DAG, le jeûne
ne peut en aucun cas être envisagé comme une méthode pour perdre du
poids. » Il peut provoquer des troubles cardiaques, des carences en
vitamines et en minéraux et d’autres problèmes encore. « Il s’agit d’une
pratique particulièrement risquée pour les personnes plus âgées. » En
outre, rien ne garantit que les kilos en trop ne reviendront pas au
galop.
Le
nutritionniste Nicolaï Worm met lui aussi en garde contre l’idée de jeûner pour
maigrir : le corps passe en mode survie et son métabolisme de base ralentit
mais, après le jeûne, il commence à reconstituer ses réserves : c’est
l’effet yoyo. « En outre, le jeûne complet entraîne une fonte de la masse
musculaire. Or l’objectif est de perdre de la graisse, pas des forces. »
Nicolaï
Worm conseille le jeûne protéiné aux personnes en surpoids : « Celui qui
suit ce régime se limite à la consommation de shakers de protéines, et ingère
un maximum de 500 kcal par jour, ce qui garantit l’apport en acides gras et
acides aminés nécessaires au bon fonctionnement du corps ». Le
nutritionniste présente cette méthode comme une panacée, mais les spécialistes
se montrent plus dubitatifs. Ce qui nous ramène à notre conclusion : difficile
de conseiller avec certitude une méthode de jeûne ou de régime.
Renoncer à la télévision : une autre forme de jeûne
Vous
souhaitez une privation moins radicale, mais bonne pour la santé ?
Contentez-vous de bannir les sucreries, l’alcool ou encore les cigarettes pour
une période déterminée. De nos jours, le jeûne ne se limite plus à l’assiette :
beaucoup préfèrent profiter de l’occasion pour laisser leur voiture au garage
ou renoncer à la télévision.
Il
y a quelques années, l’église protestante allemande lançait une action
« Sept semaines sans… ». Entre le mercredi des Cendres et le dimanche
de Pâques, tous sont invités à vivre le temps du carême de façon plus éveillée.
En 2014 par exemple, il s’agissait de renoncer aux fausses certitudes et de
« penser par soi-même ». Les années précédentes, ce sont les fausses
excuses, la timidité et la réserve, l’envie et la jalousie qui été mises au
ban. Et ce jeûne créatif a déjà fait des émules : chaque année, l’action
enregistre près de deux millions de participants, jusqu’à trois millions en
2012.
Franziska
Badenschier, 12 mai 2014 (traduit de l'allemand)
Le jeûne ami des malades
Pour soigner des troubles mentaux et bon nombre de cancers, de plus en plus de spécialistes vantent les mérites de la diète.
C’est
un chirurgien cancérologue. Et il le dit presque avec mesure : «J’ai eu une formation classique, puis
à un moment, j’en avais assez d’opérer des femmes pour leur cancer du sein et
de les mutiler. Je me suis dit : il faut prendre le ou la malade dans son
ensemble.» Et c’est ainsi qu’il est devenu un des cancérologues
français les plus partisans du jeûne… thérapeutique.
Un
excité, le docteur Michel Lallement ? Nullement. «J’ai fait le constat, comme tant d’autres, que les cancers
explosent. Que faire ? J’ai choisi de travailler sur le terrain de la personne,
l’alimentation en particulier.» Et il n’est pas le seul.
Depuis peu, se développe tout un courant pour vanter les mérites cliniques du
jeûne, en particulier pour soigner de graves maladies mentales, mais aussi bon
nombre de cancers. Il y aurait des dizaines d’essais en cours en Europe, aucun
en France. Toute une école médicale est en train de se structurer ; un
documentaire sur Arte a été récemment diffusé et, la semaine prochaine, la très
sérieuse maison d’édition La Découverte publiera le Jeûne, une nouvelle thérapie ? du documentariste
Thierry de Lestrade (1).
Qu’en
penser ? Une nouvelle lubie ? Comme souvent lorsqu’il s’agit de médecines
parallèles - le jeûne n’est pas considéré «comme une bonne pratique médicale» par
l’Institut national du cancer -, il y a de tout, à boire et à manger. Le livre
de Thierry de Lestrade est un bon reflet de ce fourre-tout. S’y
amoncellent des témoignages sur un registre «quasi
miraculeux», mais aussi une analyse historique intéressante,
où l’on apprend comment le jeûne est devenu à la mode, notamment pour traiter
les maladies mentales au début du siècle, pour disparaître ensuite, vaincu par
les industries pharmaceutiques qui ont préféré vendre leurs molécules.
Et ainsi de suite.
«Patrimoine».
Reste
cette question : pourquoi diable les cellules cancéreuses mourraient-elles
lorsque nous jeûnons ? Le docteur Valter Longo est un chercheur italien
installé aux Etats-Unis. C’est lui qui a repris le cheval de bataille du jeûne,
il y a une dizaine d’années. Et le théorise :«En
période de jeûne, nos cellules saines se protègent, elles vont même de mieux en
mieux. Elles ont gardé un patrimoine génétique permettant l’adaptation aux
circonstances extrêmes, par exemple au manque de glucide pendant le jeûne.
Alors que les cellules cancéreuses, elles, ont perdu ce patrimoine génétique et
sont dépendantes du glucide. Sans glucide, les cellules cancéreuses régressent,
voire disparaissent.»
D’où
cette nouvelle stratégie : cumuler le jeûne et la chimiothérapie pour accélérer
la mort de la tumeur. Il existe des exemples de réussite en pagaille, comme
l’histoire de Jean-Claude, autoguéri d’un cancer de la vessie après un jeûne de
vingt-huit jours : plus il jeûnait, mieux il se sentait. «J’aurais préféré mourir que de me
faire enlever la vessie, dit-il. Tout
le monde doit expérimenter le jeûne au moins une fois. Cela a été le révélateur
de ma vie.» Des cas étrangers viennent appuyer cette thèse. Comme
celui d’un médecin russe, Yuri Nikolaev, mort en 1998 à 92 ans :
il aurait multiplié toute sa vie des expériences sur le jeûne. Dans sa
clinique, en Sibérie, plus de 1 000 personnes viennent jeûner chaque
année. «Pour ceux qui
arrivent avec une prescription médicamenteuse, leur dose est peu à peu réduite
pour être retirée dès que possible.» Les résultats sont très bons
pour l’hypertension, l’asthme, mais aussi les grandes maladies mentales, comme
la schizophrénie. «Les
Soviétiques, puis les Russes, ont constitué quarante ans d’études
cliniques, établi des protocoles, des listes d’indications et de
contre-indications et ont soigné des dizaines de milliers de patients», écrit
Thierry de Lestrade. Valentin Nicolaïev, médecin à Moscou, pointe
néanmoins les difficultés actuelles :
«Sommes-nous prêts à penser le monde autrement ? A penser notre système de
santé autrement, à penser notre rapport au soin et au corps différemment ?»
Vérité.
Comme
souvent dans ces pratiques médicales non validées, des accents de vérité
émergent parfois dans le témoignage de certains patients. «Au moins, avec le jeûne,
explique une malade, je
reprends un peu possession de mon corps. Je n’ai plus l’impression d’être
dépossédée de tout, comme dans la cancérologie habituelle.»En tout cas,
en France, l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) préparerait pour
début 2014 un essai sur l’effet du jeûne au cours de certaines chimiothérapies.
Salamas ...
RépondreSupprimerMerci ...
Je pratique quotidiennement le jeûn matinal ... ( aux levers ) ( aux réveils ) ...
Et je consomme mes glucides uniquements en fins de journées ...
Entre les deux je vies normalement ...
M'alimentant comme tout le monde ...
Et je vais mieux qu'avant ...
Merci ...
Je jeûn est effectivement révélatoires ...
Salamas ...