Trop de sel entraînerait des
maladies auto-immunes
Selon des observations in vitro et chez l’animal, le sel consommé
en quantité importante dans les régimes types occidentaux, pourrait être
responsable de l’augmentation des maladies auto-immunes, comme la SEP ou les
maladies inflammatoires digestives.
Depuis des décennies, les scientifiques lancent des avertissements
concernant la consommation de sel contemporaine, qui est excessive compte tenu
des effets délétères objectivés dans le domaine cardiovasculaire. Un argument
d’un autre ordre s’ajoute maintenant. L’excès de sel pourrait être impliqué
dans la pathogénie des maladies auto-immunes, dont l’augmentation a suivi celle
de la consommation de sel.
La revue « Nature » publie un ensemble d’articles et de
commentaires. Des chercheurs de Yale et d’Allemagne (David Hafler et coll.)
montrent expérimentalement chez des souris l’induction d’une réponse
immunitaire défavorable par le sel. L’ajout du sel à la nourriture de ces
animaux induit la production de lymphocytes Th17 associés aux maladies
auto-immunes. Par ailleurs, les souris supplémentées en sel développent des
formes plus sévères d’encéphalomyélite auto-immune, un modèle murin de SEP.
Le rôle surprenant du sel
Les voies moléculaires clef de cette réponse sont identifiées par
d’autres chercheurs de Harvard. Ils observent comment ces cellules Th17 se
développent, et comment cette croissance influe sur le développement des autres
cellules partenaires de l’auto-immunité. « La reconstruction de ce
circuit moléculaire confirme le rôle surprenant du sel »,
indiquent-ils. Les Th17 sont activées contre les bactéries et les champignons.
Ils ont aussi été impliqués dans des maladies inflammatoires chroniques
intestinales (MICI), la SEP et le psoriasis.
La sélection génétique qui a abouti à la constitution de l’être
humain correspondait à une adaptation à la vie en Afrique subsaharienne, une
région où il n’y avait pas de sel, commente Hafler. « Les régimes type
occidentaux actuels sont chargés en sel, ce qui a été associé à l’hypertension
et peut être maintenant à l’auto-immunité. »
Les observateurs notent que les études biologiques sont fondées sur
les contenus en sel du courant sanguin et non sur celui des tissus, là où les
cellules immunitaires aboutissent. « C’est peut-être une raison pour
laquelle l’auto-immunité est demeurée non détectée. »
Ces recherches ont été inspirées par l’observation d’une production
de cellules inflammatoires Th17 chez les habitués des fast-foods. Ces cellules
inflammatoires sont habituellement mobilisées en réponse à des pathogènes, mais
il a été montré qu’elles attaquent aussi les tissus sains dans le cas des
maladies auto-immunes.
Dr BÉATRICE VUAILLE
Nature, 6 mars 2013.
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