mardi 20 mai 2014

SEL et SEP



Trop de sel entraînerait des maladies auto-immunes

Selon des observations in vitro et chez l’animal, le sel consommé en quantité importante dans les régimes types occidentaux, pourrait être responsable de l’augmentation des maladies auto-immunes, comme la SEP ou les maladies inflammatoires digestives.

Depuis des décennies, les scientifiques lancent des avertissements concernant la consommation de sel contemporaine, qui est excessive compte tenu des effets délétères objectivés dans le domaine cardiovasculaire. Un argument d’un autre ordre s’ajoute maintenant. L’excès de sel pourrait être impliqué dans la pathogénie des maladies auto-immunes, dont l’augmentation a suivi celle de la consommation de sel.

La revue « Nature » publie un ensemble d’articles et de commentaires. Des chercheurs de Yale et d’Allemagne (David Hafler et coll.) montrent expérimentalement chez des souris l’induction d’une réponse immunitaire défavorable par le sel. L’ajout du sel à la nourriture de ces animaux induit la production de lymphocytes Th17 associés aux maladies auto-immunes. Par ailleurs, les souris supplémentées en sel développent des formes plus sévères d’encéphalomyélite auto-immune, un modèle murin de SEP.

 

Le rôle surprenant du sel

 

Les voies moléculaires clef de cette réponse sont identifiées par d’autres chercheurs de Harvard. Ils observent comment ces cellules Th17 se développent, et comment cette croissance influe sur le développement des autres cellules partenaires de l’auto-immunité. « La reconstruction de ce circuit moléculaire confirme le rôle surprenant du sel », indiquent-ils. Les Th17 sont activées contre les bactéries et les champignons. Ils ont aussi été impliqués dans des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI), la SEP et le psoriasis.

La sélection génétique qui a abouti à la constitution de l’être humain correspondait à une adaptation à la vie en Afrique subsaharienne, une région où il n’y avait pas de sel, commente Hafler. « Les régimes type occidentaux actuels sont chargés en sel, ce qui a été associé à l’hypertension et peut être maintenant à l’auto-immunité. »
 
Les observateurs notent que les études biologiques sont fondées sur les contenus en sel du courant sanguin et non sur celui des tissus, là où les cellules immunitaires aboutissent. « C’est peut-être une raison pour laquelle l’auto-immunité est demeurée non détectée. »
 
Ces recherches ont été inspirées par l’observation d’une production de cellules inflammatoires Th17 chez les habitués des fast-foods. Ces cellules inflammatoires sont habituellement mobilisées en réponse à des pathogènes, mais il a été montré qu’elles attaquent aussi les tissus sains dans le cas des maladies auto-immunes.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Nature, 6 mars 2013.
 

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